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Road to Loycocracy: Comment se prennent les grandes décisions?

Management agile
27 Avr, 2021

Christophe Barman revient sur les processus de décision mis en place chez Loyco. Quotidienne ou stratégique, aucune décision n’est laissée de côté par notre co-fondateur dans cet épisode de Road to Loycocracy, qui vise à répondre à des questions régulièrement posées sur notre modèle de management. Vous saurez donc tout sur notre manière de faire et sur les défis qui nous attendent encore sur cette question!

Au détour d’un événement sur l’entrepreneuriat ou, signe des temps, d’un webinaire traitant des organisations agiles, on me harangue régulièrement avec des questions du type: «C’est bien joli votre modèle de partage du pouvoir, mais on est d’accord que, en tant que fondateur, tu gardes la main sur toutes les décisions stratégiques?» Pour beaucoup d’entrepreneur·se·s, la question de la perte d’autorité sur les questions stratégiques fondamentales est un tabou, voire une hérésie. Comment envisager qu’on puisse «vraiment» confier son bébé à quelqu’un d’autre, même s’il s’agit d’un collectif auquel on croit?

Co-fondateur en 2013, actionnaire de référence et CEO jusqu’en mai 2018 — date d’entrée en force de notre Loycocracy — puis président du Conseil d’Administration depuis juin 2019, on me suspecte souvent de déguiser un pouvoir centralisé et autoritaire derrière une jolie couche de consensus loycocratique. Mais alors qu’en est-il non de bleu ??

 

99% des décisions se prennent par les rôles disposant de l’autorité

Petit rappel de nos épisodes précédents (voir notamment «la jurisprudence loycocratique»), toute décision chez Loyco passe par deux étapes constitutionnelles:

  1. Se poser la question de l’autorité: la décision que je suis en train de prendre est-elle vraiment l’autorité du rôle qui m’est confié? En cas de doute, la consultation de notre outil de visualisation de notre organisation Peerdom, voire du recueil des décisions prises au sein de la bien nommée «jurisprudence» est requise.
  2. Essayer d’obtenir le consensus: le porteur du rôle disposant de l’autorité tente d’obtenir le consensus des porteurs de rôles impactés. Si ce dernier est impossible, son autorité lui permet de trancher.

Ce format décisionnel hyper simple et explicite permet des prises de décision rapides, au plus proche du terrain et impliquant les Loycomates pour lesquel·le·s la décision importe vraiment. 99% des décisions prises au quotidien chez Loyco suivent ce schéma.

 

Intrapreunariat et autonomie: la liberté des Loycomates

Le futur des organisations se joue sur quelques décisions stratégiques par année. Peu nombreuses, elles vont concerner les investissements importants, l’achat ou la vente de participation, voire l’abandon d’un service qui n’a pas trouvé sa place. Loyco n’échappe bien évidemment pas à la règle.

Si l’on se base aujourd’hui sur l’intelligence collective pour définir ce qu’est une décision stratégique, la pratique semble arrêter une frontière naturelle d’environ CHF 50’000.-, frontière qui va très certainement bientôt faire jurisprudence au sein de Loyco. En d’autres termes, tout Loycomate ayant un projet de développement peut, en impliquant bien évidemment les bons rôles en fonction des postes budgétaires touchés, décider d’engager jusqu’à 50’000.- dans un projet auquel il/elle croit, sans en référer à d’autres organes. C’est l’une des clés pour susciter l’intrapreneuriat.

 

Le rôle des actionnaires et du CA dans les grandes décisions stratégiques

Et les projets dits stratégiques alors ? Le mécanisme constitutionnel prévoit le processus suivant:

  1. La porteur·se de projet formalise un pitch qu’il présente à l’assemblée des actionnaires (voir le cercle et ses responsabilités dans Peerdom ainsi que le RTL consacré aux actionnaires). Tou·te·s les Loycomates ayant la possibilité de devenir actionnaires, 30 sur 105 le sont déjà à ce jour. L’assemblée fait ses commentaires puis vote sur Teams pour ou contre le projet sous sa forme actuelle. Il est à noter que constitutionnellement et selon la convention d’actionnaires, toute votation de ce cercle nécessite une double majorité dite «du peuple et des cantons» pour passer la rampe (nombre de votants et nombre d’actions représentées).
  2. Le pitch est ensuite présenté, généralement sous format vidéo, au Conseil d’administration (voir le cercle et ses responsabilités dans Peerdom) qui, basé sur les commentaires et les résultats des votes du cercle des actionnaires, valide ou non le projet. Si son vote est différent de celui des actionnaires, il leur renvoie la balle avec ses commentaires et le processus se répète jusqu’à ce qu’un consensus soit trouvé entre les deux cercles. On appelle affectueusement ça la «navette loycocratique».

 

Un coup de boost à l’innovation

Aux dires d’observateurs internes enthousiastes, ce mécanisme a des effets de bords très positifs sur le développement de Loyco:

  • Les projets sont plus matures grâce à la formalisation et aux retours sur les pitchs.
  • L’intrapreneuriat est catalysé et les projets menés à bien se multiplient (tant au niveau < 50’000. — que > 50’000.-).
  • Les actionnaires sont très impliqués et défendent les projets validés collectivement.
  • L’engagement pour le futur de l’entreprise est décuplé.

Nos actionnaires et administrateurs ont dernièrement voté sur des projets aussi variés que la reprise d’activité d’une entreprise dans les marchés publics (voir Vallat Partenaires SA transfère ses activités de gestion des marchés publics à Loyco), la co-création d’une plateforme de gestion des benefits collaborateur·trice·s ou l’acquisition partielle d’une société de développement informatique (projets non encore communiqués).

 

Au-delà des obstacles institutionnels

Alors oui, nous n’allons pas le cacher, des efforts pour intégrer le maximum de Loycomates dans les réflexions stratégiques de notre organisation peuvent encore être menés, mais aujourd’hui, il n’existe plus d’obstacles institutionnels à leur participation. Les actionnaires viennent d’ailleurs de décider de diminuer le montant minimum d’actions requises pour accéder à l’actionnariat (plus qu’une seule action aujourd’hui), ce qui abaisse l’une des dernières barrières objectives.

En revanche, d’autres pierres d’achoppement, plus subjectives, peuvent entraver une participation fluide des Loycomates qui souhaitent s’investir dans les aspects stratégiques de l’organisation. On peut penser notamment à un manque de connaissances techniques ou économiques utiles à la prise de certaines décisions ou encore à une aisance encore faible face à la prise de parole «en public». Des freins qui peuvent être dépassés si l’on y consacre l’attention nécessaire. Mais c’est alors un autre axe de réflexion qui s’ouvre et qui fera certainement l’objet d’un prochain Road to Loycocracy. ?

 

La série «Road to Loycocracy»

Pour rappel, en mai 2018, nous avons choisi de dissoudre notre Direction afin de donner le pouvoir à nos Loycomates, concrétisant notre profonde confiance en l’être humain ainsi que nos croyances en la force de l’intelligence collective. Cette mini-série vous raconte l’implémentation de ce nouveau modèle d’organisation telle que nous l’avons vécue, sans volonté de donner de leçons. Juste comme ça. Parce que nous avons plaisir à partager et que nous serions ravis de recevoir votre feed-back. Alors n’hésitez pas à commenter, voire à nous secouer. On adore ça ?.

Avec toute notre bienveillance, bonne lecture.

Christophe Barman, Co-fondateur de Loyco

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