2/2 Le certificat médical: doutes et contestations

Juridique
22 Mar, 2022

Dans ce deuxième article au sujet des certificats médicaux, notre partenaire CJE, Avocats Conseillers d’Entreprises, s’intéresse aux circonstances qui peuvent amener l’employeur à douter de l’incapacité de travail d’un·e collaborateur·rice et à contester un certificat médical. Comment s’y prendre et quels sont les différents délais à respecter? Tous les détails sont passés à la loupe.

Le médecin bénéficie d’une confiance certaine et c’est la raison pour laquelle le certificat médical qu’il établit bénéficie d’une «présomption d’exactitude». L’employeur qui entend contester un certificat médical doit donc avoir des raisons sérieuses. En cas de doute sur un certificat médical, l’employeur peut exiger que le·la collaborateur·rice se soumette à un examen de contrôle auprès d’un médecin choisi par lui, qui a alors le rôle de médecin-conseil, tenu au secret médical; il doit limiter ses conclusions à l’aptitude ou à l’inaptitude du collaborateur ou de la collaboratrice à remplir son emploi. Le médecin-conseil est autorisé à communiquer à l’employeur si le·la collaborateur·rice ne s’est pas présenté·e à la consultation.

Selon le Tribunal fédéral, le certificat médical n’est donc pas un moyen de preuve différent des autres et il peut être contesté.

Les circonstances qui peuvent amener à douter du bien-fondé de l'incapacité de travail

Certaines circonstances, parmi lesquels on peut citer celles énumérées ci-dessous, peuvent amener l’employeur à douter du bien-fondé de l’incapacité; c’est notamment le cas si le certificat médical est établi:

  • lorsque l’employeur refuse une période de vacances;
  • sans que le médecin n’ait ausculté le·la patient·e, car le certificat doit attester de constatations personnelles du médecin;
  • en impliquant des conséquences d’une certaine ampleur, par exemple tout près de la date de fin des rapports de travail en cas de résiliation du contrat de travail;
  • en cas de certificats médicaux établis successivement par plusieurs médecins;
  • rétroactivement alors que le·la collaborateur·rice travaillait pendant la période pour laquelle l’incapacité est certifiée;
  • avec une rétroactivité supérieure à trois – quatre jours;
  • exclusivement pour la place de travail en raison de problèmes psychiques, car le médecin ne dispose que des informations de son·sa patient·e.

Comment contester un certificat médical?

Dans certaines circonstances, l’employeur peut avoir des doutes quant à la réalité de l’incapacité attestée par un certificat médical. Cela peut, par exemple, être le cas en raison de témoignages de collègues ou d’autres personnes, d’informations consultables sur les réseaux sociaux, etc. Le premier conseil que l’on peut donner à l’employeur est d’indiquer sans délai au collaborateur ou à la collaboratrice qu’il a des doutes quant à la réalité de l’incapacité et qu’il entend la contester. Il a dès lors deux solutions, soit faire appel:
  • au médecin-conseil de l’assurance-maladie contractée par l’employeur, ou
  • au médecin-conseil de l’entreprise.

Il est extrêmement rare que cela permette des effets rétroactifs, mais, en revanche, cela peut «accélérer» la récupération de la capacité de travailler du·de la collaborateur·rice. L’employeur conclut une assurance perte de gain en cas de maladie:

  • non seulement pour être déchargé de l’obligation d’indemniser le·la collaborateur·rice,
  • mais encore pour ne pas avoir à trancher lorsqu’il y a des avis divergents entre le médecin du·de la collaborateur·rice qui estime que son patient ou sa patiente est en incapacité de travail et le médecin-conseil de l’assurance qui estime qu’il·elle est capable de travailler.

Il est conseillé à l’employeur de préciser dans le contrat de travail que, en cas de divergence, il s’en remet à la décision de son assurance. La conclusion de l’assurance accidents, obligatoire, procure les mêmes avantages pour l’employeur.

Après quelle durée d’absence demander un certificat médical?

La loi ne contient pas de disposition précise pour répondre à cette question. Beaucoup d’employeurs demandent la remise d’un certificat de travail dès le troisième jour d’incapacité ou après trois jours d’incapacité. Les CCT peuvent également prévoir des règles, p. ex. la CCNT qui stipule à son article 26 que «Le collaborateur à l’obligation de fournir un certificat médical à partir du quatrième jour d’un empêchement de travailler. Ce certificat doit être présenté à l’employeur dans la semaine qui suit son établissement».

Une petite minorité d’employeurs exige la remise d’un certificat médical dès le premier jour d’absence, quelle qu’en soit la durée. Le droit aux indemnités n’étant acquis en cas d’accident qu’après le délai d’attente, il est conseillé de demander un certificat médical à compter de la date de l’accident afin de s’assurer de récupérer toutes les prestations.

Sous réserve de dispositions contraignantes, l’employeur fixe le délai conformément à la politique RH qu’il souhaite.

Certaines circonstances peuvent également influencer la durée après laquelle certificat médical est exigé. Ainsi, l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) a préconisé une certaine souplesse durant la crise sanitaire imputable au COVID-19, en conseillant aux employeurs de n’exiger la remise d’un certificat médical qu’à partir du cinquième jour d’absence.

Dans quel délai le certificat médical doit-il être produit?

La loi ne donne pas d’indication précise en ce qui concerne le délai dans lequel le·la collaborateur·rice en incapacité de travail doit remettre à l’employeur un certificat médical. À ce sujet, on peut, par exemple, citer l’art. 45 LAA concernant la déclaration de l’accident, qui stipule ceci:

  1. «Le travailleur assuré doit aviser sans retard son employeur ou l’assureur de tout accident qui nécessite un traitement médical ou provoque une incapacité de travail. Si l’assuré décède des suites de l’accident, cette obligation incombe aux survivants qui ont droit à des prestations.»
  2. «L’employeur doit aviser sans retard l’assureur dès qu’il apprend qu’un assuré de son entreprise a été victime d’un accident qui nécessite un traitement médical ou provoque une incapacité de travail (art. 6 LPGA) ou le décès.»

En ce qui concerne l’assurance-maladie, il est utile de se référer aux conditions générales d’assurance. À ce titre, on peut citer à titre d’exemple les CGA édition 01.2022 du Groupe Mutuel qui stipulent ceci:

«Art. 6. Attestation médicale de l’incapacité

a. Si le certificat initial a été établi plus de 3 jours après le début de l’incapacité, l’assureur se réserve le droit de considérer le jour de l’établissement dudit certificat comme étant le premier jour d’incapacité.

b. L’assureur paie l’incapacité médicalement attestée et prouvée.

Pour les incapacités de plus de 3 jours, l’établissement d’un certificat médical est obligatoire. Une attestation du médecin, basée sur des consultations régulières au cabinet, doit être remise à l’assureur au moins une fois par mois.».

À défaut de disposition légale, l’employeur a la possibilité de prévoir des règles spécifiques dans le contrat de travail, soit un délai pour remettre un certificat médical. Lorsque le délai est passé et que l’employeur n’a pas d’information, il peut mettre le·la travailleur·euse en demeure de reprendre le travail ou de fournir un certificat médical, en précisant, par exemple, qu’à défaut, son absence sera considérée comme un abandon d’emploi. Il est important que l’employeur dispose rapidement du certificat médical afin qu’il puisse annoncer le cas à l’assurance concernée.

Quelle est la durée de validité d’un certificat médical?

Le certificat médical, signé et daté du jour de son établissement, doit indiquer la date de début et la date de fin de l’incapacité. La loi ne contient pas de disposition concernant la durée maximale de validité d’un certificat médical. L’incapacité de travail doit être limitée dans le temps et ne devrait en principe pas dépasser un mois. Si le médecin ne peut préciser la fin de l’incapacité, il doit limiter la validité du certificat jusqu’à la prochaine consultation. Le certificat doit donc être régulièrement renouvelé. Les dates de certificats médicaux doivent se suivre sans interruption.

Un employeur pourrait prévoir contractuellement des règles plus strictes ou au contraire plus souples concernant la durée de validité d’un certificat médical et de son renouvellement. On conseille généralement de prévoir dans le contrat de travail que la durée maximale de validité d’un certificat médical soit d’un mois.

En tous les cas, l’employeur doit se référer aux exigences des conditions générales de l’assurance-maladie et veiller à en informer ses collaborateurs et collaboratrices.

 

En conclusion, l’absence de normes claires engendre une certaine insécurité. Ainsi, à défaut de dispositions légales, l’employeur a la possibilité de fixer des règles qui doivent bien entendu être conformes aux conditions générales d’assurance, voir à la CCT applicable.

 

Pour en apprendre plus sur le sujet, rendez-vous sur le premier article de cette série «1/2 Certificats médicaux et contestations».
Ce contenu a été rédigé par le cabinet CJE Avocats Conseillers d’Entreprises.

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