Les nouveaux espaces de travail: du bureau au «flowspace»

Loyco | Management agile
2 Mai, 2024

Notre insatiable curiosité nous a toujours poussés à nous intéresser à l’évolution du monde du travail. C’est pourquoi nous avons décidé de partager avec vous nos recherches et nos échanges sur le sujet. Aujourd’hui, Key Kawamura, co-fondateur de Studio Banana, répond à nos questions sur l’évolution de ces espaces qui se transforment presque aussi vite que nos pratiques quotidiennes.

Le monde du travail évolue et cela se répercute sur les espaces de travail. Comment ces derniers se transforment-ils? Influencent-ils aussi notre manière de travailler et d’interagir?

Pour répondre à toutes ces questions, nous tendons aujourd’hui le micro, ou plutôt la plume, à Key Kawamura, co-fondateur de Studio Banana, un cabinet d’architecte spécialisé dans les nouveaux environnements de travail qui propose également aux entreprises de l’accompagnement au changement. Leur objectif: offrir des services tridimensionnels, qui couvrent les aspects spatiaux, mais aussi humains et relationnels.

Johnson & Johnson © Studio Banana

Vous concevez des espaces de travail novateurs et imaginés pour servir les objectifs de l’organisation. Selon vous, que doit permettre d’accomplir un espace de travail?

 

Nous croyons fortement que le lieu, non seulement l’espace, de travail est un outil très puissant au service de la vision, la mission et la culture d’une organisation. De ce fait, il devient très important de faire une traduction et une intégration fidèles des valeurs que l’organisation défend.

Le lieu de travail est également un catalyseur d’engagement, de bien-être et de productivité. Par conséquent l’environnement de travail, conçu dans tout son azimut (bureau, mais aussi l’expérience du travail hors bureau) et dans toutes ses dimensions (spatiale, digitale et humaine) joue un rôle très important dans le développement du talent d’une organisation.

Quelles tendances avez-vous constatées dans les demandes que vous font les clients concernant leurs espaces de travail?

 

Depuis la crise provoquée par la pandémie du Covid beaucoup d’organisations se posent des questions très pertinentes par rapport à leur façon de travailler. La principale préoccupation qu’on constate est celle de la maîtrise du travail hybride, c’est-à-dire, la gestion des défis et des opportunités liées à une force de travail de plus en plus dispersée physiquement et l’impact que cela a sur les liens communautaires, la gestion des équipes, les outils digitaux et bien sûr aussi sur les types et la taille des espaces de travail.

Une autre tendance, plus progressiste, est celle d’intégrer le concept de l’hospitalité dans le lieu de travail. On vient moins souvent au bureau, du coup il faut rendre l’expérience de l’employé·e premium. Cela a beaucoup affaire avec la notion d’employer branding, qui devient de plus en plus présente dans un marché professionnel où l’on se bat pour le talent.

Enfin, des sujets comme la circularité ou la neurodiversité gagnent aussi en importance. Ce qui est clair c’est que beaucoup de gens se sont rendu compte que l’environnement de travail est un sujet complexe qui dépasse les enjeux purement immobiliers.

QG de QOQA © Studio Banana

 

D’après vous, l’environnement influence-t-il le type d’interactions que l’on a au travail?

 

C’est une évidence que le contexte a un impact direct sur le comportement, et par conséquent sur les interactions humaines entre collègues. Si on éloigne les personnes elles ne vont jamais se croiser, si on les rapproche excessivement elles vont s’entendre trop, si on les divise elles oublieront leur capacité de partager, si on leur donne à toutes un espace de travail égal elles vont se sentir anonymisées, si on leur offre un lieu riche et varié elles se sentiront plus libres et autonomes, si on intègre de la végétation les personnes interagiront de manière plus naturelle comme dans un parc, etc.

Il n’y a pas de juste ou de faux. L’important c’est de trouver la formule équilibrée qui correspond à la culture d’organisation que l’on veut promouvoir. Je mets l’accent sur cette intentionnalité. Cela demande une réflexion authentique sur l’identité même qui va bien au-delà des clichés ou des tendances.

Ce que j’entends par “flowspace”, ce sont les conditions d’un environnement qui permet, voir facilite, l’adoption de cet état de motivation ultime au travail.

 

Avez-vous déjà réalisé un projet dans le but de promouvoir des interactions égalitaires, comme elles existent dans une gouvernance horizontale?

 

Plus qu’aux hiérarchies plates, je crois à la puissance du travail en réseau. La qualité d’un réseau n’est pas nécessairement mesurée par l’égalité entre ses éléments constitutifs mais plutôt par la diversité de ses membres et par la fréquence et le nombre de connexions entre eux.

Nous avons eu l’opportunité au fil des années de collaborer avec des organisations privées et publiques qui sont ouvertes à ce paradigme et le résultat est souvent des environnements de travail très dynamiques, évolutifs et qui favorisent l’échange de connaissances et la collaboration ouverte au détriment du statut ou du standing.

Ce serait trop simpliste de dire que c’est une question d’âge mais c’est vrai que les nouvelles générations ont un ADN beaucoup plus réseauté et, par conséquent, se sentent de manière générale plus à l’aise immergées dans le flux d’information d’un environnement de travail en évolution perpétuelle.

 

Dans un TEDx Talk, vous expliquez comment les environnements de travail doivent évoluer du bureau au «flowspace». Pourriez-vous nous expliquer cette notion?

 

Il existe toute une théorie du “flow” dans la psychologie. Grossièrement, elle postule que quand une personne ou une équipe est confrontée à un défi complexe et qu’elle a des compétences élevées elle va rentrer dans un état de motivation et concentration supérieures, ce qu’on appelle le “flow”. Ceci s’applique aussi bien dans le sport et dans l’éducation qu’au travail.

Ce que j’entends par “flowspace”, ce sont les conditions d’un environnement qui permet, voir facilite, l’adoption de cet état de motivation ultime au travail. Le flowspace est forcément varié et nuancé car nous ne sommes pas tou·te·s égaux et parce que les missions qui nous sont confiées demandent souvent l’activation de différentes parties de notre personnalité.

De manière sommaire, je défends qu’un “flowspace” équilibré doit promouvoir au moins quatre aspects dans une organisation, les «quatre C»: la Curiosité, les Conversations, la Communauté et le Soin (Care, en anglais).

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